Le protocole MPLS de commutation de paquets
selon une étiquette (label)
utilise souvent LDP comme mécanisme
d'attribution des étiquettes. LDP ne fonctionnait bien qu'à l'intérieur
d'une même zone du système autonome et ce
nouveau RFC étend LDP pour le cas où on dispose de plusieurs
zones.
La section 1 du RFC explique la motivation pour cette
modification : un certain nombre d'opérateurs ont tiré profit du caractère
hiérarchique de protocoles de routage internes
comme OSPF ou
IS-IS pour créer plusieurs
zones (areas) dans leur
système autonome. Ce découpage en zones
(section 3 du ) permet de gérer des
très grands systèmes autonomes, en évitant que chaque routeur connaisse
tout le réseau.
Mais, sur les réseaux MPLS utilisant
LDP, pour qu'un routeur qui
reçoit une correspondance entre une étiquette MPLS et une FEC
(Forwarding Equivalent Class, section 2.1 du ) la prenne en compte, la norme LDP (section 3.5.7.1
du ) impose que la table de routage du routeur possède une entrée qui corresponde exactement
cette FEC. Par exemple pour monter un tunnel
MPLS, le routeur MPLS
doit avoir dans sa table une route avec une correspondance exacte avec
le point de sortie du tunnel, c'est-à-dire en
IPv4 le préfixe en /32 ; avoir une route en /24
qui couvrirait ce /32 ne suffit pas.
En pratique, sur les réseaux MPLS utilisant LDP et qui ont un
IGP multi-zones, monter des tunnels vers ou
depuis des routeurs appartenant à d'autres zones
nécessitait donc des bricolages comme l'annonce des adresses (préfixes en /32 ou bien /128 en IPv6) dans tous les sens entre
tout plein de zones en passant aussi par la zone qui sert d'épine dorsale, ce qui
est très lourd à gérer et rend l'intérêt des zones douteux. Elles
avaient justement été conçues pour éviter de transporter des détails
internes à une zone, en agrégeant les annonces de préfixes...
La section 4 du RFC détaille le problème, notamment dans le cas de
tunnels (, et ). La section 6 fournit des exemples, avec de jolis dessins.
La section 5 présente la solution. Notre permet donc désormais de faire accepter à
LDP des associations étiquette/FEC pour lesquelles le LSR (le routeur
MPLS) aurait des routes moins spécifiques, par exemple parce qu'elles
ont été agrégées. C'est donc simplement l'application de la
traditionnelle règle IP de la « meilleure correspondance »
(longest match) à la sélection d'une étiquette
MPLS.
L'ancienne règle continue à s'appliquer par défaut (le RFC impose
que la nouvelle extension ne soit pas activée automatiquement). En
effet, si on arrête de publier les préfixes les plus spécifiques, il
faut que tous les routeurs MPLS de la zone acceptent l'extension. Elle
est donc déployable de manière progressive (section 7.1) mais à
condition de faire attention.
Merci à Sarah Tharan pour ses explications détaillées sur cette extension.