C. GriffithsJ. Livingood (Comcast)L. Popkin (Pando)R. Woundy (Comcast)Y. Yang (Yale)September20092009-09-11
Beaucoup de FAI se demandent comment limiter
la charge qui provient de l'intense activité
pair-à-pair de leurs clients. Les plus bas de
front tentent l'interdiction (comme dans les conditions générales
d'utilisation de SFR pour certaines de ses offres Internet mobile, où le
pair-à-pair est explicitement interdit), d'autres cherchent des
solutions techniques. L'une de ces solutions,
P4P, qui permet au FAI d'informer les logiciels
pair-à-pair de la topologie de son réseau, dans l'espoir qu'ils
choisiront des pairs plus proches, est activement promue par certaines
entreprises comme
Pando. Comcast, un gros
FAI, a testé P4P pour nous et en fait le compte-rendu dans ce
RFC.
Ce gros FAI
états-unien connecte essentiellement des particuliers, par le
câble. Comcast est un des participants au groupe de travail qui élabore P4P. Le principe
du système P4P (Proactive network Provider Participation for
P2P) est de déployer des iTrackers qui
sont des serveurs informant les clients pair-à-pair de la topologie du réseau, quels sont
les liens recommandés, quelles adresses
IP sont externes ou internes au dit réseau, etc (section 1
du RFC). Le logiciel peut alors choisir le pair le plus proche,
économisant ainsi les ressources.
P4P a été discuté dans des forums comme le IETF workshop
on P2P Infrastructure (raconté dans le ) ou à la BoF Alto de
l'IETF. Le test en vrai grandeur dont notre
rend compte a eu lieu en juillet 2008.
La section 2 du RFC résume le principe du test. Cinq essaims de
machines, avec des iTrackers programmés
différemment à chaque fois, participaient. Les statistiques étaient
enregistrées par chaque client puis rassemblées. Témoignage de la
puissance du pair-à-pair, le seeder (la machine qui
avait le contenu original) n'a envoyé que dix copies alors qu'il y a
eu un million de téléchargements.
Quels étaient les différents types de iTrackers
utilisé ? Si, dans le premier essaim, les pairs étaient choisis au
hasard, les autres utilisaient les politiques suivantes :
Grain fin (section 3.1). De loin le plus complexe à configurer,
ce iTracker avait toute l'information sur le réseau
de Comcast, incluant tous les liens avec l'extérieur. Non seulement
l'élaboration et la mise à jour de sa configuration étaient très
complexes (le fichier faisait plus de cent mille lignes) mais cet
iTracker est très indiscret, permettant aux clients
de récupérer une information que le FAI n'a pas forcément envie de
livrer.Gros grain (section 3.2). Présentant une vue moins précise du
réseau (notamment de ses connexions externes), cet iTracker ne faisait plus que mille
lignes et surtout (du point de vue de Comcast) était plus
discret.Pondéré génériquement (section 3.3). Identique au
iTracker à gros grain, sauf que les poids attribués
aux différents liens étaient définis par une autre équipe.
Qu'est-ce que ça a donné ? La section 4 résume les résultats (mais
il faut aussi lire la section 5, qui détaille les pièges
d'interprétation possibles) :
chaque essaim de machines a réalisé environ 25 000 téléchargements par
jour. Le plus gros essaim a atteint une taille de 11 700 machines. Les
iTrackers à grain fin ou à gros grain ont vu leur
débit de téléchargement (section 4.2) augmenter de 13 % (en moyenne) mais de 57 à
82 % pour les machines de Comcast, qui avaient le plus
d'informations. Et la politique à gros grain s'est montrée plus
efficace que celle à grain fin, contrairement à ce qu'on aurait pu
attendre.
La section 4.2 donnait les résultats individuels, l'amélioration
pour une machine qui télécharge. Mais pour le FAI, quel était le
résultat ? La section 4.3 les résume : le trafic sortant de Comcast a diminué de
34 %, l'entrant vers Comcast de 80 %. À noter également qu'il y a d'avantage
d'annulations (l'utilisateur s'impatiente et arrête le téléchargement)
avec le premier essaim, celui qui n'utilisait pas P4P. Il est possible
que les débits plus faibles entrainent davantage de découragement et
donc d'annulation. En tout cas, le trafic à l'intérieur de Comcast
augmente avec P4P : quand ça marche, les utilisateurs s'en servent
plus.
La section 6 formule donc une conclusion relativement optimiste et
recommande que l'IETF considère sérieusement
P4P dans le cadre du groupe de travail Alto.