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Fiche de lecture : Dictionnaire amoureux des langues

Auteur(s) du livre : Claude Hagège
Éditeur : Plon / Odile Jacob
978-2-259-20409-5
Publié en 2009
Première rédaction de cet article le 20 septembre 2009


Comme son titre l'indique, ce livre est pour l'amoureux des langues, celui qui est prêt à se pencher sur la néologie en islandais (article « Islandais ») ou sur les risques pesant sur le qawasqar (article « Danger (langues en) »). Si, au contraire, vous voulez annuler Babel et pensez qu'il vaudrait mieux que tout le monde ne parle qu'une seule langue, il vaudrait mieux trouver une autre lecture.

Claude Hagège est connu pour ses travaux de linguiste que, dans ce livre, il essaie de faire partager à tous. La forme est celle d'un dictionnaire mais, en fait, chaque article est plutôt encyclopédique, détaillant un des points qui touchent particulièrement l'auteur.

Ainsi, l'article « Témoignages » explique qu'en français, les conditions dans lesquelles on a appris une information (« Jean n'est pas allé travailler aujourd'hui ») doivent être exprimées en plus (« Irène m'a dit que Jean n'était pas allé travailler aujurd'hui ») alors qu'en turc, il y a deux verbes différents selon qu'on sait l'information de première main, ou bien indirectement. (Et le tuyuca a cinq niveaux différents, selon qu'on est témoin immédiat, ou plus ou moins éloigné de la source originale.) Ainsi, on ne peut pas être ambigu en turc lorsqu'on rapporte une information : la grammaire oblige à dire si on était vraiment là pour la constater.

« Composés et dérivés » explique, lui, comment former des nouvaux mots, selon les langues, certaines, comme le chinois, privilégiant la composition (faire un mot avec deux), d'autres, comme les langues sémites, la dérivation (ajouter des affixes à un radical).

Autre article passionnant, « Hybridation » explique les mécanismes par lesquelles les langues se mélangent. L'emprunt massif de vocabulaire est l'exemple le plus connu mais il y a aussi des mélanges bien plus intimes comme dans le cas du maltais où l'hybridation avec l'italien et l'anglais rend parfois difficile de détecter le fond arabe. (Il y a aussi un article « Emprunt », sur le même sujet.)

L'article « Traduire » est évidemment un des plus longs car cette activité a une longue histoire d'auto-introspection. Comment traduire le chinois « une moustache en huit » sans savoir que l'expression fait allusion à la forme du caractère représentant ce chiffre en chinois ? Et si un français parlait de « moustache à la gauloise », le traducteur en chinois aurait sans doute besoin de se renseigner sur l'histoire de France...

Mon principal regret est que beaucoup d'articles passionnants (comme « Difficiles (langues) ») soient assez gâchés par l'anglophobie militante de l'auteur qui passe beaucoup trop de temps à cracher son venin contre le rôle excessif de la langue d'Obama et de Ballmer, en dérapant souvent sérieusement.

Le livre est très technique, et nécessite, si on n'a pas de connaissances préalables en linguistique, une attention soutenue. Mais l'auteur a fait de gros efforts pour tout expliquer et rendre ces concepts accessibles et il y est bien arrivé.

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