Aujourd'hui, les questions d'identités
numériques sont partout sur
Internet. Est-il légal de donner un nom qui
n'est pas celui de l'état civil lorsqu'on
remplit un de ces milliers de formulaires qui existent sur le Web ?
Est-ce grave que les contributeurs de Wikipédia
soient identifiés par des « pseudos » comme
Cereales Killer ou Anthere ?
Est-ce normal de devoir se souvenir de dizaines de mots de passe
différents ? Pourquoi ne pas utiliser son compte
Google pour tout, de ma banque en ligne aux
blogs où je mets des commentaires ? Si mon
avatar dans
Second Life
tue quelqu'un, suis-je responsable ? Toutes ces questions sont
relatives au concept d'identité numérique. La notion d'identité
paraissait simple dans le monde physique où beaucoup de gens (à tort
selon Olivier Iteanu) l'assimilaient à la seule identité délivrée par
l'État. Comment faire désormais sur les réseaux ?
Le livre répond réellement à toutes ces questions et à bien
d'autres. Olivier Iteanu est un avocat, expert
reconnu des aspects juridiques des NTIC et
défenseur des droits des citoyens face à des dangers comme
l'utilisation abusive de leurs données personnelles ou comme leur
traçage excessif.
Ce livre est court et n'épuise pas la question, qui est très vaste. Mais il
éclaire bien des aspects de celle-ci. Mon chapitre préféré est le 4,
sur le « pseudo », où Iteanu défend l'idée que le pseudo est une
identité valable, reconnue mais soumise à certaines limites (ne pas
choisir un pseudo dans le but de tromper, se méfier du droit des
marques).
Mais il y a aussi l'intéressante introduction du livre, sur le manque d'un
service d'identité générique sur Internet, manque probablement dû
(c'est une des hypothèses évoquées) au choix de la simplicité. Des
projets comme OpenID tentent d'apporter une
partie de la solution de ce manque.
Parmi les autres chapitres utiles, le chapitre 2 est une explication et une défense de
l'anonymat, dont Iteanu pense que, bien que
légal actuellement, il pourrait être mieux reconnu par la loi. Le
chapitre 9 est consacré aux menaces liées à l'usurpation d'identité
comme le hameçonnage et le chapitre 10 à la
redoutable efficacité du moteur de recherche
Google, « plus fort que le casier judiciaire »
car il n'oublie rien et n'est soumis à aucun contrôle.
La conclusion du livre est un appel à maîtriser nos identités
numériques, plutôt que des les voir créées, copiées et volées par des
forces peu sympathiques. Cela implique, dit Iteanu, un vrai droit à
l'anonymat, une meilleure définition juridique de l'identité et le
déploiement de techniques d'identité décentralisées permettant à
chacun de créer et de contrôler ses identités sur le réseau.
Un peu de publicité personnelle pour finir : j'ai fait un article sur OpenID à
JRES, article qui place cette technique au
milieu des grandes manœuvres sur l'identité numérique. OpenID
pourrait être une des briques permettant de construire le système
d'identité distribué dont parle Iteanu.