Si vous en avez assez que le cinéma ne présente que des gens
jeunes, beaux, diplômés et qui font des boulots intéressants,
peut-être serez-vous intéressés par le film
« Mammuth ». En effet, ces films sont largement
mensongers : il n'y a pas que des gens brillants. Il existe aussi des
gens pauvres (dans le film, ils sont pauvres intellectuellement et
socialement ; matériellement, ça va encore).
Et c'est à eux qu'est consacré l'excellent
« Mammuth » de Benoît Delépine et Gustave Kervern. Car ils existent, ces gens qui font honte à la
mondialisation heureuse, à la concurrence libre et non faussée, aux NTIC. Ils se
déplacent en Münch Mammuth et pas en avion, ils
sont gros, ils ne savent pas trop quoi faire de leur vie quand ils
sont à la retraite et en prime, le héros du film reste fidèle à ses
années 70, à sa moto et à sa coiffure. Et ils ont en plus le culot de
vouloir vivre et aimer.
Parti à la recherche des papiers des entreprises
pour lesquelles il a travaillé, alors qu'il part en retraite, le héros
va traverser la France d'en bas, qui a vécu de petits boulots, dont
les entreprises ont fermé au profit de prétentieuses « agences de
storyboard 3D », la France qui n'a pas de diplôme. Comme le dit un patron au
héros, « je ne t'ai pas déclaré et je t'ai payé des clopinettes parce
que ça marchait, tu étais trop con pour réagir ».
Comme dans tous les road movies, le
héros ne trouvera pas ce qu'il cherche mais
trouvera, sinon l'amour et la richesse, du moins de quoi vivre.