Un des nombres trop petits de l'Internet était la taille des
numéros de système autonome. En
2007, elle était passée,
avec le , de deux à quatre octets. Ce
nouveau RFC est juste une révision mineure de cette norme.
Il est assez courant dans l'Internet que des
nombres prévus très larges au début s'avèrent ridiculement petits
avec la croissance du réseau. C'est bien sûr le cas des adresses
IPv4, dont les 32 bits sont bien trop peu pour
le nombre de machines connectées aujourd'hui, mais c'est aussi vrai
pour les numéros de système autonome (AS pour
autonomous system). Chacun de
ces numéros identifie un système autonome de routage, au sein duquel
une politique de routage cohérente peut s'appliquer. En gros, chaque
opérateur a un numéro de système autonome, les plus gros en ayant
plusieurs (surtout en cas de fusion ou d'acquisition).
Ces numéros sont notamment utilisés par le protocole de routage
BGP (normalisé dans le ), pour indiquer le chemin à suivre pour
joindre un réseau. La petite fonction shell
permet d'interroger les serveurs de Route Views et affiche les numéros
de système autonomes traversés :
% bgproute 80.67.162.1
AS path: 3257 3356 20766 20766
Route: 80.67.160.0/19
On voit que le serveur de Route Views a reçu l'annonce de la part du
système autonome 3257 qui l'avait lui même reçu
du système autonome 3356.
Ces numéros étaient autrefois stockés sur seulement 16 bits, ce qui ne
permettait que 65 535 systèmes en tout, bien trop peu pour l'Internet
d'aujourd'hui, qui va des villes chinoises aux hébergeurs
brésiliens. Si certains conservateurs, méprisants et élitistes, ont
regretté le fait que « n'importe qui, avec une armoire et deux PC avec
Quagga »
veuille faire du BGP, le fait est que l'Internet touche bien plus de
monde et que la population des opérateurs a augmenté. D'où le ,
qui avait fait passer la taille des numéros d'AS à 32 bits, soit quatre
milliards d'opérateurs possibles.
Ces AS de quatre octets s'écrivent en notation
ASPLAIN, en
écrivant directement le nombre, par exemple
112617 ().
Les nouveaux AS sont ensuite annoncés par l'attribut
AS4_PATH, n° 17 dans le
registre des attributs.
Le changement lui-même est assez trivial mais, comme souvent sur
Internet, le gros du travail était la gestion de la transition. Notre RFC explique avec
beaucoup de soin comment un routeur BGP récent
va pouvoir parler à un routeur de l'ancienne génération (le routeur
doit annoncer sa capacité à gérer les AS de quatre octets avec le
capability advertisment n° 65 du ). Et comment les
chemins d'AS 4-octets pourront être transmis même à travers des
« vieux » routeurs, utilisant un mécanisme de tunnel (l'article de Geoff Huston
l'explique très bien).
Pour cette transition, le nouveau BGP utilise un numéro d'AS
spécial, le 23456, qui sert à représenter tous
les AS 4-octets pour les anciens routeurs. Si vous voyez apparaitre ce
système autonome, par exemple en tapant un show ip
bgp sur un Cisco, c'est que votre
logiciel est trop vieux. Ceci dit, cela doit être rare de nos jours,
la gestion de ces AS sur quatre octets étant désormais présente dans
toutes les mises en œuvre sérieuses de BGP.
Les numéros d'AS sur quatre octets sont distribués par les RIR depuis des années (voir par exemple la politique
du RIPE-NCC et sa
FAQ). Le RIPE-NCC a publié
d'intéressantes
statistiques à ce sujet, notamment sur le taux de numéros d'AS
32 bits renvoyés au RIPE-NCC car le titulaire s'est aperçu, après
coup, qu'il y avait quelques problèmes techniques, chez lui ou chez
ses fournisseurs.
L'annexe A résume les différences par rapport au : rien de vital, juste un toilettage. Notamment, la
gestion d'erreurs, absente du précédent RFC, est spécifiée en détail.