L'échec (qui était prévisible) du projet Quaero est
l'occasion de revenir sur la « question Google ». Si on est inquiet,
comme je le suis, de la domination d'un quasi-unique moteur de
recherche, faut-il chercher à concurrencer Google de front ou bien à
faire différemment ?
Le 22 décembre 2006, l'annonce du retrait
des partenaires allemands a marqué la fin du projet
Quaero. Le projet était clairement mal
parti. Comme je l'avais écrit en
février 2006, Quaero avait toutes les caractéristiques des
éléphants blancs que
le
monarque lance selon son bon vouloir puis abandonne
discrètement, une fois l'argent public dépensé en vain. (Loïc le Meur
avait écrit à
peu près la même chose.)
Mais cette fin piteuse ne règle pas le problème. Aujourd'hui, un
moteur de recherche états-unien, Google dispose
d'un presque-monopole sur la recherche sur
Internet. Beaucoup d'internautes ignorant
l'utilisation des URL, il est même utilisé
comme moyen d'accès unique à l'information. Cela a de quoi inquiéter,
même dans son pays natal. Il est curieux que tant de gens se
déchaînent contre le presque-monopole de
Microsoft sur les systèmes d'exploitation ou bien sur celui de
l'ICANN sur la gestion de la racine du
DNS mais que Google soit largement épargné par
ces critiques. Est-ce parce que les critiques potentiels ne savent pas
eux-même se débrouiller sans Google ?
Existe t-il des alternatives ? Oui (tiens, cela me rappelle que je
n'ai pas encore choisi un moteur de
recherche pour ce blog), Exalead,
Gigablast, Yahoo,
etc. Notons tout de suite que tous sont très en retard sur Google,
aussi bien sur le nombre de pages indexées (les pages rares ou
marginales ne sont indexées que par Google) que sur le temps de
réponse ou la qualité de l'interface (même si certains, comme
Exalead, ont des innovations
intéressantes).
On lit parfois en France des appels à intervenir de manière
volontariste pour susciter des alternatives plus crédibles. Le
problème est que le fiasco Quaero a bien montré qu'il ne suffit pas de
mouvements du menton et d'entonner la
Marseillaise pour concurrencer Google :
disposant d'un budget énorme et de vastes compétences, Google ne peut
sans doute pas être attaqué de front.
La meilleure solution serait sans doute plus tôt de faire les
choses différemment. Une des principales critiques que j'adresserai à
Quaero serait qu'il n'avait jamais été envisagé de faire des choix
radicalement différents de ceux de Google. Utiliser du
logiciel libre ? Impliquer les internautes,
comme pour le projet de Wikia ou
pour Majestic 12 ? Quaero n'avait rien promis
de tel.
Il est temps de penser différemment. Compte-tenu du succès des
sites gérés par les internautes comme
Wikipédia, je pense qu'on pourra bientôt voir
des alternatives intéressantes à Google mais qui ne le copieront
pas... et qui ne bénéficieront pas, gageons-en, d'importantes
subventions étatiques.