Bon, on ne peut pas dire que je sois un pionnier : j'ai ouvert un
compte Twitter () pour la première fois il y a
quelques jours seulement, alors que toute la planète utilise ce
service depuis longtemps et qu'il a largement été commenté dans les
médias. Je peux maintenant informer la planète entière de ce que j'ai
mangé à midi ou bien demander des
conseils littéraires. Et j'apprends à grand pas les règles
et les usages, le rôle du @ et celui du #.
Néanmoins, je peux toujours dire qu'arriver tard a quelques
avantages, notamment la grande disponibilité d'outils divers, déjà
développés. Par exemple, j'aime beaucoup qui affiche plein de statistiques inutiles
sur un abonné Twitter (voir les miennes).
J'ai beaucoup hésité avant de sauter le pas mais, en matière
d'outils de communication, la règle est simple : la valeur d'un outil
provient du nombre de gens qui y sont connectés (loi de Metcalfe). Un outil de
communication génial mais
que personne n'utilise n'a guère d'intérêt. Or, je constate que des
tas de gens très bien utilisent Twitter et que beaucoup d'informations
utiles y circulent (pour les informations inutiles, voir un bon résumé
dans l'excellent « Le top
10 des relous sur twitter ».)
Twitter est aussi utilisé désormais par des entreprises
« sérieuses » pour diffuser de l'information urgente (c'est le cas de la
RATP). Des discussions vives
ont déjà eu lieu sur des forums comme Nanog au
sujet de l'intérêt de communiquer sur Twitter. Pour un acteur de
l'Internet, l'un des intérêts est que l'infrastructure de Twitter ne
tombera peut-être pas en panne au même moment que celle dont on veut
annoncer la défaillance. En revanche, un des problèmes est que les
modes passent vite : si une entreprise investit dans la communication
via Twitter, elle est raisonnablement sûre de devoir investir dans un
gadget plus récent dans un an ou deux, accumulant petit à petit les
canaux de communication, ce qui risque de brouiller celle-ci.
Twitter a quelques particularités qui sont rarement évoquées :
C'est un service centralisé, où tout passe par un acteur
unique. Techniquement, Twitter est un grand recul par rapport à
XMPP.Il n'est pas seulement centralisé techniquement mais aussi
organisationnellement : une seule société contrôle tout et, comme avec
la plupart des services « 2.0 », vos données ne
vous appartiennent plus (quel utilisateur de Twitter a lu les règles d'utilisation ?).Twitter est accessible par de très nombreux moyens
techniques. J'ai lu des gens qui refusaient d'utiliser Twitter avec
des arguments du genre « Pas question de passer par un navigateur Web
pour suivre les nouvelles » mais cet argument ne tient pas, le
navigateur n'est qu'une des innombrables options possibles.
Pour cette dernière raison, des discussions sur « Le meilleur outil de
veille, RSS ou Twitter » sont un peu à côté de
la plaque, puisqu'on peut suivre Twitter en RSS... (Et probablement l'inverse.)
Twitter étant un grand succès, il n'est pas étonnant que les
identificateurs Twitter deviennent désormais aussi convoités que dans
d'autres domaines. Ainsi, la SNCF a déjà vu son nom lui échapper (c'est
une violation directe des règles
d'utilisation mais cela se fait quand même.)
Personnellement, pour tout ce qui ressemble de près ou de loin à la
messagerie instantanée, ce qui est le cas de
Twitter, j'utilise l'excellent logiciel
Pidgin. Il a deux
greffons pour faire du Twitter, pidgin-twitter et
microblog-purple,
qui est celui que j'utilise. On en trouve une bonne documentation en
How
to Add Twitter in Pidgin (Windows/Linux).
Son installation, sur une machine Debian,
consiste simplement en :
wget http://microblog-purple.googlecode.com/files/mbpurple-0.2.3.tar.gz
tar ...
sudo aptitude install libpurple-dev pidgin-dev
make
sudo make install
Et le résultat ressemble à :
S'il y a tant de clients Twitter différents, c'est en bonne partie
parce que Twitter dispose d'une API très simple. Elle permet le
développement de plein de gadgets rigolos comme par exemple l'envoi des
messages de commits de Subversion (pour lequel il existe même
plusieurs méthodes).
Pour le programmeur Python qui veut utiliser cette API, le plus
simple est d'installer le
paquetage python-twitter. On peut ensuite faire des choses comme :
>> import twitter
>>> api = twitter.Api(username='MONNOM', password='MONMOTDEPASSE')
>>> status = api.PostUpdate(u"Envoyé grâce à l'API de Twitter et python-twitter")
]]>
(La lettre u devant la chaîne de caractères est pour bien expliquer
qu'on veut de l'Unicode, la chaîne comptant des
caractères composés.)
On peut ensuite lire cette passionnante
information.
Un exemple plus sophistiqué est celui que j'utilise pour prévenir,
sur Twitter, des nouveautés de mon blog. Le programme Python est très
simple, il extrait automatiquement le titre à partir du source
XML et essaie juste de faire tenir le titre et
l'URL dans la limite de Twitter, les fameux 140
caractères :
max_twitter = 140
...
rest = max_twitter - len(url) + 1
if len(title) > rest:
shorttitle = title[:rest-3] + "..."
else:
shorttitle = title
message = u"%s %s" % (shorttitle, url)
Il existe bien d'autres outils pour faire du Twitter depuis la
ligne de commande, par exemple, toujours en Python, Twyt.
Bien sûr, Twitter n'est pas le seul outil centralisé de
microblogging et on me
recommande souvent Identi.ca, qui
travaille uniquement avec du logiciel libre et
s'engage à ne pas abuser des données personnelles. J'ai aussi un compte sur identi.ca mais,
pour l'instant, je n'ai pas l'impression qu'il y aie autant de monde
que sur Twitter. Et je n'ai pas encore testé l'API. (Il en existe une version
compatible avec Twitter.)