Pourquoi est-ce que l'Internet marche ? Et pourquoi se contente
t-il de marcher tout juste, sans qu'on puisse l'améliorer ? Excellente
question. Personne ne connait trop la réponse mais Mark Handley tente
d'y voir plus clair dans un excellent article.
Cet article, Why
the Internet only just works (BT Technology Journal,
Vol 24, No 3, July 2006) explore les
caractéristiques de l'Internet et tente de déterminer ce qui pourrait
changer et ce qui a des chances de rester le même. Depuis l'ancien
protocole NCP (),
l'Internet a connu beaucoup de changements mais
ceux-ci ont fini par diminuer en fréquence. Désormais, estime
l'auteur, l'Internet est ossifié. Peu de
changements sont encore possibles.
C'est par exemple dû en partie aux coupe-feux qui examinent en détail le
contenu du paquet. Normalement, un nouveau protocole de
couche 4 comme SCTP
() devrait pouvoir être déployé
facilement, les routeurs n'ayant
pas à connaitre les protocoles au dessus de la couche 3. Mais, en pratique, beaucoup de coupe-feux analysent le
paquet et rejettent les protocoles qu'ils ne connaissent pas. Cela
rend peu vraisemblable le déploiement de nouveaux protocoles de
transport.
Ces problèmes d'œuf et de poule sont
très fréquents dans l'Internet d'aujourd'hui. Handley cite l'exemple
de la mobilité pour laquelle la demande est faible, donc il n'y a pas
de déploiement, donc la demande reste faible, etc.
Selon Mark Handley, dont il faut rappeler qu'il est un expert
pointu en réseau, les changements dans l'Internet depuis
CIDR en 1993 ont tous été motivés par
l'urgence. On ne change que lorsque le système est tout proche de
l'écroulement. Changer pour, par exemple, gagner plus d'argent ne
marche pas puisque les opérateurs Internet doivent rester compatibles
entre eux et ne peuvent donc pas se différencier. Ils n'investissent
donc pas dans des technologies « meilleures » comme
IPv6 et attendent l'approche de la tempête pour
renforcer les fenêtres.
L'utilisateur ne voit pas les affreux bricolages qui permettent à
l'Internet de fonctionner (comme le NAT) et
comme, pour lui « l'Internet marche », les choses ne sont pas prêtes
de changer, sauf survenue d'une catastrophe majeure.