Il y a déjà eu des tas de romans où un méchant quelconque arrivait
à prendre le contrôle des esprits, et à faire faire ce qu'il voulait à
ses victimes transformées en zombies. Le problème, avec les progrès de
la science, est qu'il est possible que nous soyions tout proches d'une
réalisation effective de cette idée. C'est le thème du roman « Les
soldats de l'or gris » de Sébastien Bohler, où la
CIA et les services secrets chinois vont
essayer d'être les premiers à profiter d'une récente percée
scientifique...
L'opération « Or gris » du titre fait bien sûr référence à la
matière grise du cerveau. On peut faire plein
de choses de cet organe si on sait le contrôler. Dans le roman (mais
aussi apparemment dans la réalité), la CIA a
déjà tenté plusieurs fois ce contrôle, comme dans le fameux
projet MK-Ultra. Tous ces essais ont
échoué. Mais le développement des
nanotechnologies, associé à celui de la
cartographie cérébrale, permet d'aborder le
problème différemment. Si on arrive à placer certains
anticorps sur des
nanobilles, et à les envoyer au bon endroit du
cerveau où elles libéreront les anticorps, peut-on convaincre un espion de changer de camp ? Un soldat
de ne plus avoir peur de rien ? Une femme
de dire oui à une proposition sexuelle (c'est sérieux, c'est même en
note de pied de page dans le roman, lisez donc « The
role of the anterior cingulate cortex in women's sexual decision
making »).
Dans le roman, c'est possible. Dans la réalité... je ne sais pas
trop, mais l'auteur est neurobiologiste et il
connait le sujet. Si les informaticiens ricaneront en lisant les
efforts de la CIA pour pirater l'informatique chinoise, rendus
difficiles par le fait que, raconte un agent chinois, « Nous sommes à
même de percer leurs défenses informatiques, qui reposent sur des
codes-sources accessibles comme Microsoft ou [sic] Windows, alors que
notre Kylin a un code
confidentiel », l'amateur se régalera des descriptions de la biologie
du cerveau, des efforts scientifiques dans ce domaine, et du
fonctionnement du milieu scientifique.
Dans le récit, un jeune chercheur arrive à
maîtriser les nanobilles comme personne avant lui... et le sujet de la
manipulation du cerveau, qui concernait surtout les philosophes,
devient d'actualité.
Si le roman démarre maladroitement, tout le reste est passionnant,
avec tous les ingrédients d'un roman d'espionnage, plus les nouvelles
possibilités qu'offrent le contrôle du cerveau (non, je ne dévoilerai
pas ce qu'on peut faire, lisez le roman, vous ne le lâcherez pas.)