Si vous êtes aussi amateur de
science-fiction que moi, vous avez certainement
déjà lu des tas de romans « post-guerre atomique », où une poignée de
survivants héroïques luttent courageusement pour maintenir un noyau de
civilisation (et, en général, réussissent). Qui a commencé ce genre ?
Quel était le premier livre « post-guerre atomique » ? C'est
évidemment difficile, voire impossible à dire. Mais le roman de
Régis Messac,
« Quinzinzinzili », parmi ceux écrits en
français, est sans doute un des tout premiers. Il a été publié en
1934 et a une autre particularité : les
survivants ne sont pas héroïques du tout. En fait, l'auteur ne fait
pas preuve d'un grand optimisme quant au comportement des humains dans
de telles situations...
Loin de maintenir la civilisation, les survivants développeront au
contraire avec art une barbarie équivalente à celle qui vient de
déclencher la guerre. Ils oublieront presque tout de la civilisation
et un de leurs rares souvenirs sera une vague prière, le
« Notre Père » en latin,
comprise de travers, et où le « Qui es in
coelis » deviendra « Quinzinzinzili », le nouveau Dieu
de leur univers en ruines. Après tout, si la science et la culture ont
servi à préparer la guerre qui vient d'anéantir presque tout le monde,
la barbarie est peut-être préférable ? Messac, qui écrivait juste
avant la Seconde Guerre mondiale a pu rapidement
mesurer à quel point son pessimisme était plus réaliste que les
prédictions lénifiantes d'autres auteurs de SF.
Le livre a été réédité récemment (merci à Patrick Guignot pour les informations), en 1998 (Éditions de l'Agly)
et encore en 2007 (l'Arbre vengeur). L'exemplaire
dans ma bibliothèque date de 1972 et je l'ai
trouvé au marché aux livres. Si vous le
trouvez, n'hésitez pas à vous précipiter sur ce chef d'œuvre de
la littérature de science-fiction française, de l'époque des
Hommes
frénétiques et de la Guerre des mouches.