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RFC 2865: Remote Authentication Dial In User Service (RADIUS)

Date de publication du RFC : Juin 2000
Auteur(s) du RFC : C. Rigney, S. Willens, A. Rubens, W. Simpson
Chemin des normes
Première rédaction de cet article le 31 janvier 2008


Radius, normalisé dans ce RFC, est un protocole très simple d'AAA, conçu pour des serveurs d'accès à l'Internet (NAS, Network Access Server ou Access Point, ce dernier terme étant davantage utilisé dans le monde du sans-fil) qui sous-traitent l'authentification des utilisateurs à un serveur Radius. La machine qui accède à Internet n'a donc pas besoin de Radius, ce protocole ne sert qu'entre le NAS et le serveur d'authentification.

Radius fait partie de la famille des protocoles simples, certains disent simplistes, qui font peu de choses mais les font bien et, comme résultat, sont indélogeables. Normalisé d'abord dans le RFC 2058, puis le RFC 2138, il est désormais défini par notre RFC. Son principe est simple : lorsqu'une machine cliente se connecte au serveur d'accès (le NAS), ce dernier envoie un paquet UDP au serveur d'authentification, paquet qui contient l'information sur le client (et, dans le cas le plus simple, le mot de passe que celui-ci a indiqué). Le serveur d'accès est donc client Radius. Le serveur Radius répond par une acceptation ou un refus, accompagné, si c'est une acceptation, par la valeur de certaines options de configuration (par exemple une adresse IP).

La section 2 du RFC décrit plus en détail ce modèle. Le client Radius doit mettre dans la requête toute l'information nécessaire (nom ou NAI de l'utilisateur, numéro de port du NAS, etc). Il est également responsable, comme pour le DNS, de la réémission des demandes, s'il n'y a pas de réponse (UDP ne garantit en effet pas la délivrance des requêtes). Le RFC précise que le serveur ne doit accepter que les clients connus, configurés avec un secret partagé, il n'existe pas de serveur Radius public. Le serveur Radius authentifie ensuite l'utilisateur par les mécanismes de son choix (les bons serveurs Radius offrent d'innombrables techniques d'authentification).

La section 2.1 explique comment Radius peut être utilisé même si la requête ne contenait pas tous les éléments pour l'authentification, par exemple parce qu'on a choisi d'utiliser une authentification défi/réponse. Radius permet de transmettre le défi au client.

La section 2.4 est d'explication : elle donne les raisons pour lesquelles UDP a été choisi comme protocole de transport, choix qui a beaucoup été critiqué.

La section 3 est consacré au format de paquet, la 4 décrivant en détail les différents types de paquet (notamment Acceptation et Rejet). Radius utilise les ports suivants (extraits d'un /etc/services) :

radius          1812/udp
radius-acct     1813/tcp        radacct

C'est également cette section qui décrit le secret que partagent le client et le serveur Radius, secret qui servira notamment à xorer le mot de passe de l'utilisateur (section 5.2) pour se protéger contre l'espionnage de la ligne.

La section 5 liste tous les attributs standard, mais Radius est extensible et permet d'en décrire d'autres comme les attributs spécifiquement Microsoft du RFC 2548 ou bien comme le préfixe IPv6 délégué du RFC 4818. Cette extensibilité est une des propriétés les plus importantes de Radius.

Un des attributs les plus répandus est User-Name (type 1), décrit dans la section 5.1. Sa valeur est le nom de l'utilisateur (par exemple p.dupont) ou bien son NAI (RFC 7542, par exemple stephane@gold.example.net). Si c'est un nom, il est stocké en UTF-8 (les précédentes versions de Radius n'acceptaient que l'ASCII).

L'attribut Service-Type (section 5.6), permet de demander un service particulier, par exemple que le NAS rappelle l'utilisateur pour lui épargner les frais de communication (à Internatif, j'utilisais ainsi, pour les tâches d'administration système effectuées à distance, la valeur Callback-Framed à l'époque où le téléphone était presque toujours facturé à la minuté).

Les attributs sont encodés en TLV.

La section 7 du RFC donne plusieurs exemples d'échanges Radius. Prenons un cas typique :

  • L'utilisateur arrive sur le NAS, qui lui demande nom (nemo) et mot de passe.
  • Le NAS, le client Radius, demande Access-Request, attributs User-Name = nemo, User-Password = <masqué par le secret partagé>, Nas-Port = 3 (pour le cas où le serveur veuille enregistrer cette information, ou même l'utiliser dans son processus de décision).
  • Le serveur Radius répond Access-Accept, avec les attributs Service-Type = Framed, Framed-Protocol = PPP (le PPP du RFC 1661), Framed-IP-address = 255.255.255.254 (une convention courante pour dire « prends une adresse IP dynamique dans ton pool »), Framed-MTU = 1500.
  • Le NAS commence alors la négociation PPP avec la machine de l'utilisateur.

Notre RFC 2865 a plusieurs compagnons, notamment le RFC 2866 qui spécifie la comptabilité (le troisième A, Accounting, du sigle AAA), et RFC 2869 le mécanisme d'extensions.

Radius a été très critiqué pour sa simplicité et un protocole concurrent, Diameter, a été développé et décrit dans le RFC 3588 (remplacé ensuite par le RFC 6733). Sur le créneau des serveurs d'accès à Internet, Diameter n'a eu aucun succès.

Il existe d'innombrables mises en œuvre de Radius, un protocole qu'on trouve aujourd'hui dans tous les NAS. Radius avait à l'origine été conçu par Livingston (et mes débuts personnels avec Radius, au CNAM, étaient avec un Livingston Portmaster, avant de passer, chez Internatif, à l'US Robotics Total Control) mais est aujourd'hui une norme très répandue. Livingston a depuis été rachetée par Lucent.

Côté serveur Radius, le serveur d'origine, fait par Livingston, est toujours d'actualité (paquetage radiusd-livingston dans Debian), mais le plus courant est désormais Free Radius, basé sur la version de Cistron. Free Radius est l'Apache des serveurs Radius : très riche en possibilités, pratiquement tout est configurable.

(Un autre serveur basé sur celui de Cistron, xtradius ne semble plus maintenu, il est par exemple très bogué sur machines 64bits.)

Côté client (NAS), voici par exemple comment se configure un Cisco en client Radius du serveur 192.168.8.8 :

radius-server host 192.168.8.8 auth-port 1812 key THESHAREDSECRET aaa group ...

Si le NAS est une machine Unix, elle peut utiliser le greffon Radius livré avec le démon pppd, qui permet à pppd d'authentifier avec Radius.

Pour déboguer le serveur, il vaut mieux utiliser d'abord un client en ligne de commande, comme le radclient qu'on trouve avec Free Radius. On peut aussi facilement construire un client à soi en Python avec pyrad (le code d'exemple marche du premier coup). Restons avec radclient :

% echo "User-Name = bortzmeyer\nUser-Password = foobar" | radclient MYRADIUSSERVER auth toto 
17:31:54.679926 IP 10.1.82.1.32772 > 10.1.82.2.1812: RADIUS, Access Request (1), id: 0xcd length: 32

et le radius.log du serveur (si on veut déboguer Free Radius, il est recommandé de suivre les conseils en http://wiki.freeradius.org/index.php/FAQ#Debugging_it_yourself) :

Fri Jan 25 17:32:21 2008 : Error: Ignoring request from unknown client 10.1.82.1:32772

En effet, rappelons que Radius impose que le serveur ne communique qu'avec des clients qui ont été enregistrés. Avec Free Radius, cela se fait dans le clients.conf :

client MYNAS.generic-nic.net {
    secret = toto
    shortname = MYNAS
}

Et, cette fois, ça marche :

% echo "User-Name = bortzmeyer\nUser-Password = foobar" | radclient MYRADIUSSERVER auth toto
Received response ID 233, code 2, length = 44
        Service-Type = Framed-User
        Framed-Protocol = PPP
        Framed-IP-Address = 172.16.3.33
        Framed-IP-Netmask = 255.255.255.0

tcpdump a vu :

16:13:09.963566 IP 10.1.82.1.32774 > 10.1.82.2.1812: RADIUS, Access Request (1), id: 0xec length: 50
16:13:09.963914 IP 10.1.82.2.1812 > 10.1.82.1.32774: RADIUS, Access Accept (2), id: 0xec length: 44

Si on l'avait lancé avec l'option -vvv pour qu'il soit plus bavard :

16:13:25.477228 IP (tos 0x0, ttl 64, id 0, offset 0, flags [DF], proto UDP (17), length 78) 10.1.82.1.32774 > 10.1.82.2.1812: [udp sum ok] RADIUS, length: 50
        Access Request (1), id: 0xee, Authenticator: eb33a21f4d8fc351898adc0b47b90c87
          Username Attribute (1), length: 12, Value: bortzmeyer
            0x0000:  626f 7274 7a6d 6579 6572
          Password Attribute (2), length: 18, Value: 
            0x0000:  727b 82e4 ccab a138 a5cb 368e 8829 1555
16:13:25.477607 IP (tos 0x0, ttl 64, id 0, offset 0, flags [DF], proto UDP (17), length 72) 10.1.82.2.1812 > 10.1.82.1.32774: [bad udp cksum f482!] RADIUS, length: 44
        Access Accept (2), id: 0xee, Authenticator: 779e320bca7cda5972412ee6b53b10dc
          Service Type Attribute (6), length: 6, Value: Framed
            0x0000:  0000 0002
          Framed Protocol Attribute (7), length: 6, Value: PPP
            0x0000:  0000 0001
          Framed IP Address Attribute (8), length: 6, Value: 172.16.3.33
            0x0000:  ac10 0321
          Framed IP Network Attribute (9), length: 6, Value: 255.255.255.0
            0x0000:  ffff ff00

On peut aussi tester la santé d'un serveur Radius (attention, tous ne le mettent pas en œuvre, sur Free Radius, il faut un status_server = yes dans la configuration) avec les requêtes de type Status-Server :

% echo "Message-Authenticator = 42" | radclient MYRADIUSSERVER status toto
Received response ID 131, code 2, length = 49
        Reply-Message = "FreeRADIUS up 0 days, 00:02"

Si on souhaite ajouter des attributs à soi sur un serveur Radius Unix, cela se fait en général en éditant le fichier dictionary, qui décrit les attributs. Imaginons un attribut indiquant la témpérature, je mets dans le /etc/freeradius/dictionary :

ATTRIBUTE      Temperature       3000    integer

Un exemple de réalisation d'un service Radius est décrit en http://lehmann.free.fr/Contributions/FreeRADIUS/


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