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RFC 7240: Prefer Header for HTTP

Date de publication du RFC : Juin 2014
Auteur(s) du RFC : J. Snell
Chemin des normes
Première rédaction de cet article le 18 juin 2014


Dans certains cas, la norme du protocole HTTP laisse un serveur choisir entre plusieurs comportements, tous légaux. Un client peut avoir une préférence personnelle et ce nouvel en-tête Prefer:, dans la requête HTTP, permet à ce client de la spécifier. Ce n'est pas un ordre, le serveur peut ignorer cette préférence.

Un exemple de cette latitude laissée aux serveurs ? Lorsqu'un client modifie une ressource Web avec la commande PUT (cf. RFC 5023), le serveur peut retourner la nouvelle ressource, complète, ou bien seulement la modification faite. Le client pourrait dire « je ne vais même pas lire ce texte, envoie le minimum » ou bien « je vais tout vérifier soigneusement, envoie la ressource après modification, pour m'éviter un GET ultérieur ». Le peut-il aujourd'hui avec l'en-tête Expect: (section 14.20 du RFC 2616) ? Non, car Expect: est impératif : tout serveur, ou même tout intermédiaire (par exemple un relais) qui ne le comprend pas, ou ne peut lui obéir, doit rejeter la requête. Expect: ne convient donc pas pour le cas où on veut dire « si tu arrives à le faire comme cela, ça m'arrangerait mais ne te casse pas trop la tête ». Comme le dit le RFC, dans un style très Jane Austen, « preferences cannot be used as expectations ». C'est d'autant plus important que certaines préférences peuvent avoir un coût de traitement élevé pour le serveur et que, si celui-ci les acceptait aveuglément, il pourrait se retrouver victime d'un déni de service (cf. section 6).

La section 2 spécifie la syntaxe du nouvel en-tête Prefer:. Sa sémantique, on l'a vu, est qu'il n'est pas impératif. Le serveur qui ne comprend pas un Prefer: ou ne peut pas ou ne veut pas le respecter continue le traitement de la requête en ignorant cet en-tête. Il peut y avoir plusieurs en-têtes Prefer: ou bien un seul avec une liste de préférences séparées par des virgules, comme ici :

GET /coffee HTTP/1.1
Prefer: no-sugar, no-milk, hot

Certaines préférences prennent une valeur, après un signe = :

GET /coffee HTTP/1.1
Prefer: sugar=2

Il peut aussi y avoir des paramètres à certaines préférences, après un ; comme :

GET /coffee HTTP/1.1
Prefer: milk; organic="true"

Vu le caractère optionnel de ce système de préférences, on ne s'étonnera pas que le RFC demande aux serveurs HTTP d'ignorer les préférences inconnues (ce qui est le cas de milk ou sugar, qui ne sont pas dans le registre officiel...)

Que peut-on mettre dans un champ Prefer: ? Uniquement des préférences enregistrées. La section 4 décrit les préférences existant actuellement :

  • respond-async indique que le client n'aime pas attendre et préfère une réponse asynchrone plus tard. Le serveur qui acceptera enverra alors un code de retour 202, accompagné d'un champ Location: pour indiquer où récupérer la réponse lorsqu'elle sera prête. Cette préférence ne prend pas de valeur.
  • Par contre, la préférence wait prend une valeur, le nombre de secondes qu'on est prêt à attendre, ce qui est utile en combinaison avec respond-async. Ainsi, Prefer: respond-async, wait=30 signifiera qu'on est prêt à attendre une demi-minute, puis qu'on préférerait une réponse asynchrone ensuite.
  • return a aussi une valeur, indiquant si le client préfère recevoir la ressource entière ou bien une version allégée. Prefer: return=representation exprime le premier choix et Prefer: return=minimal le second (c'est sans doute ce que demanderont les clients connectés à un réseau très lent).
  • Enfin, handling indique où le client met le curseur entre le libéralisme et la rigidité. handling=lenient signifie que le client préférerait que le serveur soit libéral, où cas où la requête contienne quelques erreurs mineures, handling=strict, que le client demande au serveur de n'accepter que des requêtes parfaites.

Comme le respect de Prefer: est facultatif, attention à ne pas l'utiliser comme substitut de la négociation de contenu. En effet, il peut être ignoré par les caches, qui pourraient mémoriser un contenu correspondant à certaines préférences et le servir à d'autres clients qui auraient d'autres préférences. Si le serveur sert des contenus différents selon les préférences, il doit penser à mettre un Vary: dans la réponse.

Si le serveur HTTP est sympa, il peut inclure dans la réponse un en-tête Preference-Applied: qui indique quelles préférences ont été effectivement appliquées. Un exemple avec la commande PATCH du RFC 5789 et le format du RFC 6902 :

PATCH /my-document HTTP/1.1
Host: example.org
Content-Type: application/json-patch
Prefer: return=representation

[{"op": "add", "path": "/a", "value": 1}]

qui entraîne la réponse :

HTTP/1.1 200 OK
Content-Type: application/json
Preference-Applied: return=representation
Content-Location: /my-document

{"a": 1}

Les détails bureaucratiques sont en section 5, consacrée aux registres IANA. Les en-têtes Prefer: et Preference-Applied: sont ajoutés au registre des en-têtes. Un nouveau registre, pour stocker les préférences, est créé. Les enregistrements se feront selon la politique « Norme nécessaire » du RFC 5226 : chaque préférence devra être décrite dans un document stable, décrivant ses caractéristiques syntaxiques et sémantiques. Le tout sera envoyé à la liste ietf-http-wg@w3.org pour un premier examen, puis approuvé ou rejeté par l'expert nommé par l'IANA.

Début 2013, il semble que cet en-tête Prefer: soit déjà géré par Abdera. Le protocole OData cite aussi cet en-tête. Mais on ne s'attend pas à ce qu'il soit massivement utilisé par les navigateurs : il est plutôt prévu pour des clients automatiques, appelant une API REST.


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