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Aya de Yopougon

Première rédaction de cet article le 16 janvier 2011


Mes enfants et moi-même venont de terminer le sixième tome des aventures d'Aya de Yopougon, qui a autant plu aux petits qu'au grand. Ce feuilleton en bandes dessinées compte les aventures d'une jeune ivoirienne dans les années 80. Aya veut devenir médecin, mais la série ne tourne pas qu'autour d'elle, c'est plutôt une grande fresque avec plein de personnages, le gentil mais bébête Hervé, le menteur Grégoire, la débrouillarde Bintou, le fils-à-papa Moussa, la (trop) gentille Félicité, le séducteur Mamadou, et aussi Innocent qui se cherche, Adjoua qui ne se méfie pas assez... (Les personnages masculins sont nettement plus négatifs que les féminins. Il faut dire qu'il n'est pas facile d'être femme en Afrique.)

Un des personnages dit à un moment : « arrêtez, on n'est pas un feuilleton télévisé brésilien ». Mais si ! Par le nombre de personnages, la richesse en rebondissements, la variété des évènement, on est bien dans un feuilleton, et un des meilleurs, en plus ! Certes, l'auteure a choisi de présenter une Afrique différente de celle qu'on voit à la télé, où il n'y a de place que pour les guerres et les famines avec gentil docteur blanc venant sauver les populations reconnaissantes. Dans le livre, on voit au contraire la Côte d'Ivoire du temps de Houphouët-Boigny, assez idéalisée (même si je suppose que l'auteure s'est largement basée sur des souvenirs personnels et que sa jeunesse a ressemblé à celle d'Aya), où il n'y a pas de guerre ou de famine. La situation n'est pas idéale (l'enlèvement d'une jeune fille, pour la ramener de force au village, le professeur d'université qui ne donne des bonnes notes qu'aux étudiantes qui couchent avec lui) mais il y a toujours de la place pour l'espoir en une vie meilleure. Comment vivent les jeunes abidjanais aujourd'hui que le pays est à nouveau au bord de la guerre civile ? À l'époque, en tout cas, les choses étaient différentes. Ainsi, le racisme est totalement absent (c'était avant que Bédié n'en fasse une arme politique).

Yopougon est un quartier populaire d'Abidjan, aussi loin du pittoresque et misérable village de brousse que des hôtels internationaux de Cocody et du Plateau (personnellement, tout ce que je connais à Abidjan). Les gens y vivent, y travaillent, y aiment et font des projets. C'est déjà quelque chose qu'on voit rarement dans les reportages sur l'Afrique.

Aya nous montre aussi un monde où on parle français (la langue officielle et la seule qui permet à tous les ivoiriens de se comprendre) mais pas le même français qu'à Paris. Le passionné des langues vivantes appréciera les différences, aussi bien dans le vocabulaire que dans la syntaxe.

Je ne sais pas si les ivoiriens lisent ces livres. Mais le français curieux y apprendra beaucoup sur l'Afrique. Le plus entreprenant testera les recettes de cuisine à la fin de chaque tome...

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