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Fiche de lecture : Breaking the Maya code

Auteur(s) du livre : Michael Coe
Éditeur : Thames & Hudson
978-0-500-28133-8
Publié en 1992
Première rédaction de cet article le 24 août 2012


Un récit fabuleux sur le décryptage de l'écriture maya. L'un des participants à cette aventure, qui ne s'est terminée que dans les années 1980, a raconté tous les efforts qui ont été nécessaires pour arriver à lire cette écriture oubliée.

Attention, c'est un récit subjectif. Le monde des mayanistes est très divisé (c'est une des raisons pour lesquelles le décryptage a pris tant de temps) et Michael Coe a quelques comptes à régler. Sans compter les chocs entre les cultures différentes des linguistes, des archéologues et des épigraphistes. Bref, il a fallu bien plus longtemps pour lire l'écriture maya que pour les hiéroglyphes égyptiens, ou même que pour les hiéroglyphes hittites. Coe cite plusieurs raisons pour ce retard. Ce n'était pas le manque de documents (il y en avait davantage que pour les hiéroglyphes hittites, malgré la destruction systématiques des textes mayas par les intégristes catholiques, comme De Landa), ni le manque d'une pierre de Rosette (le même De Landa en avait écrite une, mais qui n'avait pas été interprétée correctement). Non, d'après Coe, c'était plutôt des aveuglements volontaires. Persuadés que l'écriture n'avait aucun rapport avec les langues mayas, encore largement parlées aujourd'hui, les premiers décrypteurs n'avaient tout simplement pas pris la peine d'apprendre une seule langue maya... Ensuite, leurs successeurs, ayant décidé une fois pour toutes que les Mayas n'avaient pas d'histoire et n'écrivaient que des réflexions philosophico-astronomiques, n'ont pas su lire les inscriptions même les plus simples (naissance du roi, son arrivée sur le trône, sa mort...)

Cet aveuglement pendant des années est très frappant, a posteriori, et a de quoi faire réfléchir sur la capacité humaine à ne pas se remettre en cause, même face aux plus grosses évidences.

Autre bel aveuglement : le refus acharné par les mayanistes de considérer que l'étude des autres civilisations puisse être utile. Les Mayas étaient considérés comme tellement différents que les compétences des égyptologues ou des assyriologues ne pouvaient pas servir à quoi que ce soit !

Mais il y avait aussi des erreurs techniques : l'une des plus gênantes a été l'attachement à l'idée d'écriture idéographique, c'est-à-dire qui code directement des idées, sans passer par une langue. Coe explique que cette idée est maintenant abandonnée par tous les linguistes (il n'existe pas d'écriture réellement idéographique, même si des termes erronés comme idéogramme sont encore fréquemment utilisés). Mais des gens importants s'étaient accrochés à cette théorie (qui justifiait leur absence de connaissances des langues mayas) et avaient rejeté les premières analyses correctes de l'écriture maya comme syllabaire, par Knorozov.

Il faut dire à la décharge de tous ceux qui se sont plantés que l'écriture maya n'est pas facile, notamment par sa variabilité. Le même texte peut s'écrire de plusieurs façons et les scribes ne manquaient pas d'en profiter.

Bref, plein de fausses pistes, de pistes correctes mais mal suivies (ce n'était pas tout de comprendre que l'écriture maya codait une langue maya, encore fallait-il savoir laquelle), d'expéditions épuisantes sur le terrain, de débats idéologiques vigoureux (c'était en pleine Guerre froide et les théories venues d'Union Soviétique étaient systématiquement rejetées à l'Ouest). Mieux qu'Indiana Jones, et en vrai.

On trouve beaucoup d'images de glyphes mayas libres sur Wikimedia Commons.

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