Les 24 et 25 mai 2025, à Lyon, c'étaient
les Journées du Logiciel
Libre. Comme toujours, deux jours passionnants avec plein de
gens bien. J'y ai fait une conférence sur le projet de réforme de la
délégation DNS,
DELEG.
Parmi les autres activités du week-end (je n'ai pas tout fait, le
programme était riche !), il y avait (très vaguement dans un ordre
d'intérêt décroissant pour moi) :
- Une remarquable conférence de Marta Rybczynska,
« Le
Cyber Resilience Act et votre utilisation de l’open
source », qui faisait très bien le point sur ce
CRA et ce à quoi peut s'attendre le monde
du logiciel libre maintenant que ce
texte est adopté. Quelles seront les conséquences pour les
auteurs et diffuseurs de logiciel libre ? Conférence claire et pédagogique (et en français). Résumé des
conclusions : c'est compliqué et comme le déploiement n'en est
qu'au début, on ne pourra pas toujours répondre de manière
sûre. La
vidéo.
- Romain Caneill a parlé de « Logiciels
libres et science ouverte », notamment dans le contexte de
la crise de la
reproductibilité. Pour résoudre ce problème de
reproductibilité, de nos jours, on exige de plus en plus la
disponibilité du code (et les données) qui a servi pour une
recherche. Je découvra à cette occasion le dépôt Zenodo. Évidemment,
reproduire est plus facile à dire qu'à faire. Par exemple, les
bibliothèques dont dépend le programme ont pu changer. Il y a
aussi des problèmes quantitatifs (modèles de climat qui
nécessitent des mois de calcul…) « La reproductibilité parfaite
est un horizon ». La
vidéo.
- Héberger son courrier n'est pas facile (je le
fais) donc je suis allé écouter « Auto-hébergez
une messagerie e-mail qui délivre ». L'auto-hébergement du
courrier veut dire qu'on va se taper les problèmes de
délivrabilité et de réputation, d'autant plus durs à gérer qu'on
n'a pas forcément de retour de la part du service
destinataire. (Depuis apparemment peu de temps,
Orange, épinglé dans la conférence, a sa page de
documentation.) Les orateurs utilisaient et recommandaient
le logiciel tout-en-un Mailcow. La
vidéo.
- Vu le poids des réseaux sociaux, la
question posée par Benjamin Bellamy « Le Libre
peut-il gagner la bataille des réseaux sociaux ? » est
cruciale. L'intervenant note que les réseaux sociaux existaient
bien avant Facebook (et le fédivers !). La
CB était un réseau social. Curieusement,
l'orateur ne mentionnait pas d'autres logiciels de
microblogging sur le fédivers que
Mastodon. Il faut pourtant distinguer
l'implémentation du concept (on ne dit pas « le réseau
Postfix pour parler du courrier
électronique !). Un intervenant dans la salle cite
GotoSocial, plus facile à installer et à
gérer que Mastodon (J'aurai cité
Pleroma). La
vidéo.
- Toujours question réseaux sociaux, Booteille présentait « PeerTube : du
défi technique à l'outil grand public ! », un état des
lieux du développement de PeerTube. Il y a
désormais une
application Android officielle de
PeerTube. La vidéo.
- Le syndicat Solidaires parlait de
« Numérisation
de la société, ou l'automatisation de la casse sociale »
tout le monde n'a pas une adresse de courrier électronique et un
téléphone mobile. Le tout numérique est donc violent pour ces
personnes vulnérables. Si par miracle on peut joindre une
personne, celle-ci n'est pas agent du service public, mais
sous-traitant, et n'a aucun pouvoir pour régler un éventuel
problème. La direction dit que tout les usagers passent maintenant
par l'Internet, c'est la preuve que les gens sont OK avec le
numérique. Non, c'est qu'il n'y a pas d'autre possibilité. Encore
mieux : les courriers électroniques des sous-traitants du service
public qui ressemblent à s'y tromper à des
spams. (Adresse de courrier et URL sans lien avec le
service public.) Autre question compliquée :
l'authentification (pas seulement le
2FA, contrairement à ce que disent les
orateurs) : elle est complexe pour les gens précaires et exclus
(difficile d'avoir un gestionnaire de mots de
passe quand on est à la rue et qu'on peut donc se
faire voler son téléphone), ce qui peut facilement mener à un déni
de service. La
vidéo.
- À « IA
génératives ouvertes: Revue des performances et challenges à
l'utilisation » où l'orateur tente une définition (que je
trouve très vague) du très vague terme « IA ouverte ».
L'OSI (ceux qui ont inventé le terme
« open source » parce
que « libre » fait peur) a produit une
définition de « IA open source ». Sinon,
l'orateur citait un « Observatoire de l'IA open
source [sic], que je ne connais pas. La
vidéo.
- Par contre, j'ai été déçu par « Démocratie 2,
la parité Homme/Femme Universelle facile », très confuse et
surtout très déconnectée des réalités politiques. (La mention de
la chaine de blocs n'a rien
arrangé.)
Comme l'année précédente, les JDLL se sont tenues à l'ENS. Le parc
intérieur est superbe, et entretenu par des animaux consciencieux et des jardiniers
talentueux. 
Et bien sûr mille mercis aux nombreux·ses bénévoles qui ont
travaillé pour cette édition des JDLL, très réussie comme
d'habitude. Et, sinon, une image qui n'a rien à voir avec les JDLL,
à part qu'elle a été prise au Musée des
Confluences, à courte distance du site des JDLL (c'est
le mammouth de
Choulans) : 